Rétrospective sur l’événement : « Comment rendre visible la souffrance des pigeons, rats, poissons et abeilles ? »
Lors de notre premier événement en Suisse romande le 21 novembre, nous avons discuté de la considération politique des animaux invisibles et de son impact sur ces derniers. Delphine Klopfenstein (Conseillère nationale, Vert·e·s), Amandine Sanvisens (PAZ) et Claudia Dubuis (Anthropologue, Université de Neuchâtel) nous ont offert leurs regards et expertises politiques, activistes et anthropologiques sur la question.
En raison de leur invisibilisation, les pigeons, rats, poissons et abeilles endurent d’immenses souffrances : beaucoup de pigeons de nos villes sont malades ou affaiblis, les rats subissent des morts lentes et douloureuses dues aux rodenticides, les abeilles sauvages sont touchées par la désorientation et le stress causés par les pesticides et les poissons en aquaculture endurent des conditions de vie complètement inadaptées à leurs besoins. D’après nous, les solutions se trouvent au niveau du changement de notre rapport à ces animaux non-humains et de l’élaboration de politiques protégeant leurs intérêts.
Voici la rediffusion de la table ronde :
Nous avons commencé en rappelant le cadre de l’événement qui est notre campagne « Animaux invisibles » et ses quatre pétitions, en énumérant les problématiques liées à l’exclusion des quatre animaux dans la planification et la gestion de la société et les mesures que nous revendiquons.
- Les pigeons souffrent d’un manque de nourriture et de lieux de vie adéquats. Il est urgent de réintroduire des pigeonniers gérés de manière professionnelle.
- Les rats subissent des pratiques d’extermination cruelles, telles que l’utilisation des rodenticides causant des souffrances prolongées. Ces rodenticides doivent être interdits et des gestion de population plus éthiques doivent être adoptées (contraception, gestion des déchets, etc.)
- Les poissons en aquaculture endurent des conditions de vie complètement inadaptées à leurs besoins, par exemple les besoins de solitude et de mouvement pour les saumons. La réglementation doit être renforcée et un moratoire sur les élevages de saumon doit être prononcé.
- Les abeilles sont impactées par les pesticides qui leur causent non seulement désorientation et fragilisation du système immunitaire, mais sont également à l’origine de la perte de leur habitat. Il est urgent d’interdire certains pesticides, tels que les néonicotinoïdes, et de développer les bandes fleuries.
Les trois intervenantes ont permis d’aborder la thématique sous différents angles. Si Claudia Dubuis a présenté la manière dont le regard des sociétés quant aux animaux non-humains a évolué, notamment grâce aux associations de la cause animale, Amandine Sanvisens a souligné la nécessité d’une cohabitation pacifique entre humains et animaux (notamment liminaires) et le chemin qu’il reste à parcourir pour y parvenir. Delphine Klopfenstein a quant à elle parlé des politiques pour inclure la question animale dans l’agenda législatif, face à des majorités souvent opposées.
Des visions souhaitables ont émergé durant la discussion comme la création de statuts juridiques spécifiques pour les animaux liminaires, la sanctuarisation des espaces en ville pour protéger les animaux ou encore le décloisennement de la société, intégrant la nature et les animaux comme éléments centraux de la vie urbaine.